Quelques heures avant le retour du groupe en France sur la scène de l’Élysée Montmartre de Paris à l’occasion de cette première tournée européenne de présentation du nouvel album Afraid Of Heights, nous avons eu la chance de retrouver en loge Ian pour une interview de dernière minute que l’on n’espérait plus.
Billy Talent France : Comment ça va depuis votre dernier passage en France en 2013 ?
Ian D’Sa (guitare) : On va bien, on n’est pas venus depuis un moment. Beaucoup de choses ont changé depuis la dernière fois, la première étant qu’Aaron n’est pas avec nous, c’est le plus dur. L’album est sorti au mois de juillet et on est super impatients de le présenter.
Peux-tu nous donner quelques nouvelles d’Aaron ?
Ian : Oui, la dernière fois que je l’ai vu il allait beaucoup mieux. Il voit énormément de spécialistes pour essayer de retrouver la forme, il avait perdu pas mal de poids, mais il va mieux, il a repris de la masse musculaire et il se déplace plus facilement, il n’a plus besoin de sa canne comme au début de l’année. On croise tous les doigts pour qu’il aille mieux, il espère pouvoir reprendre la batterie le plus rapidement possible mais il n’a pas encore posé le pied sur une pédale de grosse caisse pour le moment donc…
… une chose à la fois !
Ian : Oui voilà, une chose à la fois !
Dans son message au début de l’enregistrement du nouvel album Aaron avait indiqué réaliser une sorte de documentaire, est-ce que tu en sais un peu plus sur la forme qu’il pourrait prendre ?
Ian : Oui il nous a filmé et pris en photo pendant l’enregistrement de l’album. Donc il a tous ces rushs de nous en studio, je ne sais pas trop si ça va servir à quelque chose, dans l’immédiat on s’en sert surtout sur les réseaux sociaux mais ça pourrait aboutir à un documentaire ou quelque chose dans ce genre.
Le nouvel album Afraid Of Heights est sorti fin juillet comment a t-il été accueilli ?
Ian : Super ! Ça se déroule très bien jusqu’à maintenant !
C’était important pour vous de prendre un peu plus de temps pour la réalisation de ce nouvel album qu’entre les précédents ?
Ian : Ouais, on a sorti le Greatest Hits entre le précédent album et celui-ci, c’est ce qui a rallongé la durée entre les deux albums car habituellement on sort un album tous les trois ans. Mais avec le Greatest Hits on a dû enregistrer deux morceaux inédits, on a joué quelques concerts anniversaires pour les dix ans du premier album et ça nous a pris presque un an… Donc voilà pourquoi il s’est écoulé quatre ans entre Dead Silence et ce nouvel album. En réalité on a réalisé Afraid Of Heights plutôt rapidement : à peine trois à quatre mois en studio, mais c’est vrai que j’avais composé pas mal de morceaux au cours de ces trois dernières années. Pour cet album on voulait quelque chose de plus grand et de plus fort, il se passe tellement de choses dans le monde actuellement, on voulait quelque chose qui fasse un peu comme un manifeste, qui prenne position, au lieu de sortir des morceaux qui n’aient pas de sens.
Exemples d’affiches réalisées par Igor Hofbauer
Peux-tu nous en dire un peu plus sur le choix de l’artwork et le travail d’Igor Hofbauer ? Comment avez-vous connu son travail ?
Ian : Igor est basé à Zagreb, en Croatie, et c’est un super dessinateur de bandes dessinées. J’ai découvert son travail en ligne mais surtout via des réalisations qu’il a fait pour des groupes de musique comme Metz, Pere Ubu, Gogol Bordelo… J’ai adoré son style “vieille propagande d’Europe de l’Est” et j’ai trouvé ça très intéressant car cet album est beaucoup plus politique que les précédents. J’adore aussi sa manière de raconter toute une histoire en un seul dessin, du coup on lui a demandé s’il pouvait faire une illustration pour chaque chanson, on lui a envoyé les paroles et les démos des morceaux. Le résultat est saisissant, chaque illustration montre bien l’interprétation qu’il a fait de chaque chanson, c’était vraiment super intéressant.
En parlant de politique vous avez joué plusieurs fois le titre Kingdom Of Zod, un des deux inédits présent sur Hits, en festival mais pas depuis le début de la tournée. Vous n’avez plus de message à adresser aux politiques ?
Ian : Non pas du tout, on a très clairement encore des choses à leur dire. (rires) Mais c’est vrai qu’on vient présenter notre nouvel album et on a des nouveaux morceaux à défendre… Kingdom Of Zod était sur le Greatest Hits, on le jouera sûrement à nouveau car les gens ont envie de l’entendre je crois, mais actuellement on essaie surtout de jouer un maximum de morceaux du nouvel album. C’est vrai qu’on en est au cinquième album, on a de plus en plus d’anciens morceaux que les gens veulent réentendre et ça devient de plus en plus difficile de choisir pour constituer notre setlist.
… peut-être qu’il faut faire des concerts qui durent trois heures…
Ian : (rires) Peut être oui ! Mais les gens finiraient par s’ennuyer sûrement…
Est-ce qu’un prochain single est prévu ?
Ian : Actuellement je crois que c’est Louder Than The DJ… Différents singles sont sortis en même temps dans différents pays en fait. Aux États-unis c’est Louder Than The DJ qui est sorti en premier alors qu’au Canada et en Allemagne c’est Afraid Of Heights donc je pense que Louder Than The DJ sera le prochain single à être diffusé partout.
Vous avez commencé la tournée de promotion d’Afraid Of Heights aux États-Unis dans des salles de taille moyenne, les salles sont un peu plus importantes en Europe, notamment en Allemagne ou vous terminez cette première tournée européenne. C’est une volonté de votre part de suivre ce plan de tournée et d’y aller progressivement avant de jouer au Canada en février et mars ?
Ian : Oui, complètement ! On est en Europe pour pratiquement deux mois. On est là depuis trois semaines, on a encore une semaine de tournée puis on rentre au Canada pour une pause d’une semaine et ensuite on revient pour jouer en Allemagne, en Espagne, en Autriche et en Suisse. C’est important pour nous de passer du temps en Europe car depuis le début, dès le second album, les fans ont vraiment adhéré à notre musique et à notre projet peut être plus qu’aux États-Unis à l’époque… Mais maintenant on rattrape le temps perdu là bas car ça se passe à merveille aux États-Unis aussi.
Et comment se passe la tournée jusqu’à maintenant ?
Ian : Super bien, on a fait notre dernier concert au Royaume-Uni hier soir et on est très contents d’être ici. (rires) La nourriture est plus sympa, ça m’a sauté aux yeux ce matin, je me suis dit “Ah super, la nourriture française !”.
Et demain, les bonnes bières belges !
Ian : Oui !
Download Festival UK – Dimanche 12 Juin 2016
Les visuels et l’image du groupe ont toujours été importants depuis vos débuts mais c’est la première fois que vous utilisez une scénographie et même des tenues sur scène, c’était un besoin pour vous de passer un nouveau cap visuellement et de proposer de nouvelles choses à votre public ?
Ian : On voulait améliorer nos concerts et proposer quelque chose de plus grand visuellement car on n’avait jamais vraiment fait ça avant. Au début de l’été on a joué au Rock Am Ring en Allemagne avec cet énorme décor de scène créé par Jordan Coopersmith. On a essayé de reproduire l’artwork, avec ces rampes géantes à LED, c’est vraiment super cool, ça rend super bien. On voulait rendre le show plus imposant et proposer à nos fans une chose à laquelle ils ne s’attendrait pas, loin des concerts “classiques” de Billy Talent qu’on joue depuis près de 12 ans maintenant… Mais le décor ne rentrait pas sur la scène d’ici malheureusement ! (rires)
Vous avez joué les titres The Navy Song et White Sparrows lors des derniers concerts alors que ce sont deux titres que l’on avait pas ou peu entendu en live depuis 2010, peut-on s’attendre à d’autres surprises dans la setlist ce soir ?
Ian : Mais oui ! Il y aura plein de bonnes surprises, c’est marqué là ! (Ian prend la setlist qui est posée sur la table basse, elle est annotée à la main). Ben a écrit ça dessus ce matin : “Je voudrais jouer White Sparrows, s’il vous plait”. (rires) Donc on va bouger le titre Surprise, Surprise pour pouvoir la jouer ce soir.
Vous avez déjà joué dans cette salle il y a neuf ans et vous aviez déjà répondu à une interview pour Billy Talent France avec Julien. À la question “Comment voyez-vous le groupe dans 10 ans ?” Ben avait répondu obèse et chauve, est-ce que tu donnerais la même réponse aujourd’hui ?
Ian : (rires) Je dirais “obèse et chauve”, à nouveau, parce que ça ne s’est pas encore produit ! (rires) Peut être que dans dix ans cette fois…
Ian D’Sa – Élysée Montmartre, Paris – 27 octobre 2016
Vous donnez un seul concert en France lors de cette première tournée européenne de promotion d’Afraid Of Heights, est-ce que comme pour l’album Dead Silence on peut s’attendre à vous voir revenir rapidement ? Pour plusieurs dates ?
Ian : Oui j’espère qu’on reviendra au printemps prochain, pour jouer dans d’autres villes en France, comme pour la tournée de Dead Silence. Cette première partie de tournée est assez particulière, on avait la tournée au Royaume-Uni d’organisée, donc ensuite on voulait toucher le plus de villes différentes et de pays différents dans un temps assez court et Paris est une des plus grosses villes donc… Mais on espère revenir rapidement au printemps, assez tôt dans la saison, pour jouer dans les festivals le week-end et en profiter pour jouer également dans des salles en semaine.
As-tu un dernier message à transmettre aux fans français ?
Ian : Oui ! “J’adore Paris” (en français) (rires) Merci de venir à nos concerts et merci de continuer à suivre notre groupe.
Merci beaucoup !
Ian : Merci beaucoup à vous ! C’était très sympa !
Merci beaucoup à Ian pour sa disponibilité, simplicité et sa gentillesse ! Merci également à Ben, Jon et Jordan.